Le principe d’inclusion

Toute vraie communauté est et doit rester inclusive ¹. Tout groupe qui ne se questionne pas au plus profond de lui-même sur l’exclusion de personnes ne peut pas devenir une communauté. Un groupe en communauté ne se pose pas la question « devons nous intégrer cette personne dans notre groupe? » mais bien plutôt : « est-il justifiable d’exclure cette personne de notre groupe? » ¹ . Par définition, un groupe qui pratique l’exclusion ne peut devenir une communauté; cependant une volonté d’inclure inconditionnellement peut mener à la destruction d’un groupe ayant atteint la communauté. Paradoxalement pour une communauté, pratiquer l’inclusion ne peut pas toujours être un impératif absolu ². Déjà ici commence l’ambiguïté de l’esprit de communauté.

Les membres malintentionnés sont les rares personnes qu’un groupe peut devoir exclure pour sa survie et certainement pour atteindre l’esprit de communauté. Par sa nature, la définition d’une personne malintentionnée est très difficile à cerner dans un groupe, mais heureusement c’est aussi un cas rare. Scott Peck réfère à un individu qu’il qualifie en anglais de « evil », qu’on peut rendre par le terme « diabolique ». Il s’agit donc de personnes dont la fibre morale empêche généralement l’empathie, le respect, l’honnêteté, et la communication authentique; en fait ces personnes ont souvent une intention, un but bien à eux, dont ils cachent la présence tout en manipulant les autres. On se réfèrera à un autre ouvrage de Scott Peck sur ce sujet, People Of The Lie (Les gens du mensonges) pour plus de détail.

Il est inévitable qu’un groupe qui exclut, même partiellement, un membre malintentionné ressente de la culpabilité, bien que cette dernière ne devrait pas être destructive. Même si cette exclusion est nécessaire afin de maintenir le groupe en communauté, une vraie communauté reconnaîtra qu’elle a failli dans une dimension importante (mais donc pas entièrement). Sans ce sentiment d’échec et la culpabilité qui l’accompagne, une communauté cesserait d’en être une vraie; en fait elle dégénèrerait dans un état où l’exclusion serait une façon acceptée d’être en groupe. Être en communauté authentique signifie d’expérimenter constamment la douleur et la tension du problème de la méchanceté humaine ³. 

NOTES :

1 & 2 - page 61

3 - page 125